Un carrefour d’influences : la mosaïque culturelle du Roussillon
Le Roussillon a vu passer des peuples qui ont marqué de manière durable les façons de penser, de cultiver et d’organiser les paysages viticoles. Chacun a laissé son empreinte au cœur des terroirs, enrichissant la diversité actuelle.
Des racines antiques : les influences romaines et grecques
La vigne a d’abord été implantée dans la région par les Phocéens, qui établissent des comptoirs sur le pourtour méditerranéen dès le VI siècle avant J.-C. Mais ce sont les Romains qui donneront tout son élan au vignoble. En colonisant la région, ils favorisent la culture de la vigne sur des terroirs spécifiques, en fonction de leur capacité de drainage et d’insolation. Leur génie pour les infrastructures — routes, systèmes d’irrigation rudimentaires — a permis aux exploitations viticoles d’accéder à des marchés éloignés, créant une première économie du vin local.
Les vignerons médiévaux : le temps des abbayes et des seigneuries
L’histoire viticole du Roussillon a connu une nouvelle impulsion au Moyen Âge grâce aux ordres monastiques. Les moines des abbayes comme Saint-Michel de Cuxa et Serrabona ont eu un rôle déterminant dans le maintien et le développement de la vigne. En véritables gardiens du savoir-faire, ils sélectionnaient les sols les plus prometteurs pour chaque culture, en suivant des critères alors empiriques, mais souvent justes. Le mariage entre spiritualité et viticulture a façonné des terroirs aujourd’hui encore emblématiques.
Parallèlement, les seigneuries locales, souvent situées aux confins des frontières catalanes, favorisaient aussi la plantation de vignes pour asseoir symboliquement leur puissance. Cette époque a notamment vu l’essor de vins doux naturels, un style qui façonne encore l’identité locale.
Les racines catalanes : des méthodes traditionnelles maintenues
Avec l’annexion par la Couronne d’Aragon, le Roussillon a plongé dans une ère où ses racines catalanes se sont fortement renforcées. Cette singularité culturelle continue d’influencer les choix viticoles. Les pratiques de vinifications comme la macération longue ou l’usage des jarres en terre cuite remontent à cette époque, et certaines techniques sont aujourd’hui revendiquées dans un souci d’authenticité.