Les débuts de l’AOC : l’enjeu du contrôle et de la qualité
Pour comprendre ce qui fonde l’AOC, il faut remonter dans les années 1930, au cœur de l’entre-deux guerres. À l’époque, le monde viticole français traverse une crise d’identité : les vins frauduleux, les mélanges douteux et une absence de cadre légal provoquaient une chute de confiance des consommateurs. C’est alors qu’interviennent quelques figures visionnaires, dont le célèbre baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié, souvent nommé le « père des AOC ».
En 1935, sous l’impulsion du baron et d’autres acteurs clés, les premières AOC voient le jour avec la création de l’Institut national des appellations d’origine (INAO). L’objectif était simple mais ambitieux : protéger les terroirs et garantir l’authenticité des vins grâce à des règles précises, imposées à chaque appellation.
Quelles étaient les règles des AOC ?
Dès leur création, les AOC s’appuyaient sur trois grands principes :
- La délimitation géographique : chaque appellation correspondait à une zone définie, délimitée par des études de terroirs.
- Le lien au terroir : obligation d’utiliser des cépages, méthodes de culture et techniques de vinification adaptées à la région.
- Des contrôles stricts : chaque vin revendiquant l’AOC devait répondre à des critères quantitatifs (rendement maximal) et qualitatifs (dégustation, analyses chimiques).
Le Roussillon, bien qu’à l’époque souvent considéré comme le “petit frère” des grandes régions viticoles françaises, ne tarda pas à adopter ce nouveau système. Les premières AOC du territoire apparaissent dès les années 1970 avec des appellations emblématiques comme Côtes du Roussillon ou Collioure.
Mais ce succès n’était pas exempt de défis. La standardisation rigoureuse imposée par les AOC a entraîné des débats passionnés. Certains voyaient les règles comme une manière de préserver l'identité, d’autres y percevaient une contrainte nuisant à la créativité des vignerons.